Page:Quevedo - Don Pablo de Segovie.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

un revenu de huit cents ducats. Il y renonça pour épouser, à l’âge de cinquante-quatre ans (en 1634), une femme d’une haute naissance, qui lui avait inspiré la plus vive passion. Après quelques années d’une union paisible, il eut la douleur de perdre son épouse, et revint à Madrid demander des consolations à l’amitié.

Ses ennemis l’accusèrent bientôt d’être l’auteur d’un libelle contre le ministère. Il fut arrêté, en 1641, et jeté dans un noir cachot, où il languit oublié pendant vingt-deux mois. Tous ses biens furent saisis, et il fut réduit à vivre d’aumônes dans la prison, où il ne put obtenir un chirurgien pour panser les plaies dont tout son corps était couvert. Il écrivit enfin au comte-duc d’Olivarès, pour lui exposer sa situation et demander justice. On trouva que l’auteur du libelle qu’on lui avait faussement attribué subissait déjà sa peine dans une autre prison, et il recouvra sa liberté. L’erreur dont il était la victime l’avait entièrement ruiné ; mais il savait que ses plaintes ne seraient point écoutées, et il retourna malade dans sa terre de La Torre, où il mourut le 8 septembre 1645.

Pendant sa dernière détention, les manuscrits de Quevedo furent dispersés, et entre autres ses pièces de théâtre et ses ouvrages historiques.

« Quevedo, dit Sismondi, est de tous les écrivains de l’Espagne, celui qui offre le plus de rapports avec Voltaire, non par le génie, mais par l’esprit. Il avait, comme lui, cette universalité de connaissances et de facultés, ce talent pour manier la plaisanterie, cette