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CHAPITRE VIII


Ce qui m’arriva sur la route d’Alcala à Ségovie jusqu’à
Rejas, où je couchai la première nuit.


Arriva le jour de quitter la meilleure vie que j’aie jamais menée. Dieu sait quelle fut ma douleur de me séparer de mes amis, qui étaient sans nombre ! Je vendis secrètement le peu que j’avais pour faire ma route, et au moyen de quelques impostures, je parvins à rassembler jusqu’à six cents réaux. Je louai une mule, et je sortis de la maison, d’où je n’avais plus que mon ombre à emporter. Comment exprimer tout le chagrin qu’eut le cordonnier pour son crédit, les gémissements de la gouvernante pour ses gages, les cris de l’hôte, pour