Dans la crainte de quelque événement désagréable, je me mis entre eux deux, et je lui dis que ce n’était point à lui à qui l’on parlait, qu’ainsi il n’avait pas sujet de se fâcher. « Qu’il mette, reprit le mulâtre, l’épée à la main, s’il la porte. Qu’il dépose sa cuiller à pot, et voyons quelle est sa vraie science. » Mon pauvre compagnon ouvrit le livre et dit à haute voix : « Ce livre nous l’apprend, il est imprimé avec la permission du roi, et je soutiendrai ici et partout ailleurs, avec la cuiller à pot et sans elle, que ce qu’il marque est vrai. Sinon, mesurons-le. » En même temps il prit le compas et commença à dire : « Cet angle est obtus. » Mais le maître, tirant alors sa dague, répliqua : « Je ne sais ce que c’est qu’angle et obtus ; je n’ai même jamais entendu de ma vie prononcer ces noms-là ; mais avec ce que je tiens à la main, je vous couperai par morceaux. » Il fondit à l’instant sur le pauvre diable, qui se mit à fuir, en faisant des sauts, par toute la maison, et disant : « Il ne peut me blesser, car je lui ai gagné les degrés du profil. » Nous mîmes la paix entre eux, l’aubergiste, moi et d’autres personnes qui se trouvèrent là présentes, quoique je me pâmasse à force de rire. On conduisit le bonhomme dans sa chambre, et moi avec lui. Nous soupâmes, et nous nous couchâmes, de même que tous les gens de la maison.
Sur les deux heures après minuit, il se lève en chemise et commence à parcourir la chambre dans l’obscurité, en faisant des sauts et disant en langage de mathématiques mille extravagances. Il m’éveilla,