âge vont dire que raisonner comme je fais, c’est se donner bien de la peine pour arriver à prouver, quoi ? qu’un homme dont je cherche à établir la valeur, n’a été qu’un plagiaire. Mais il y avait une raison plus forte que la volonté d’aucun architecte pour que le sanctuaire d la cathédrale de Cambrai fût fait à l’image de celui de Reims. Cambrai, n’étant pas encore métropole, dépendait de la province rémoise ; son église était donc fille de l’église de Reims. Or, l’archéologie a déjà constaté que ces sortes de relations entre les églises s’exprimaient, en architecture, par la conformité du plan et du style. La reproduction partielle de la basilique de Reims à Cambrai confirme donc le fait archéologique, mais n’infirme pas la capacité du constructeur.
Tout copié qu’il était, le sanctuaire de la cathédrale de Cambrai n’en présente pas moins l’aspect d’une magnifique construction. Il y avait anciennement un dicton dans le Nord, que, pour faire une église parfaite, il aurait fallu joindre au chœur de Notre-Dame de Cambrai la nef de Notre-Dame d’Arras, la croisée de Notre Dame de Valenciennes et le clocher de Notre-Dame d’Anvers. Les vieillards qui l’ont vu ne se consolent pas de sa perte. Il fut renversé à la Révolution. Il y a vingt-cinq ans, lorsqu’on acheva de déblayer l’emplacement de l’église, l’architecte de la ville, M. Aimé Boileux, put encore en relever le plan. Ce plan, gravé dans les Recherches sur l’église métropolitaine de Cambrai, de M. Leglay, est parfaitement conforme au dessin du manuscrit.
J’ai voulu, par les développements qui précèdent, retrouver quelqu’un des titres perdus de Villard de Honnecourt. Mes efforts m’ont peut-être conduit moins au vrai qu’au vraisemblable ; mais ils m’ont mis du moins en possession d’une série de faits au moyen desquels va être résolue d’une manière mathématique la question d’âge du manuscrit, et subséquemment l’âge de l’auteur. Il n’y a pour cela qu’à tirer de l’histoire des cathédrales e cambrai et de Reims quelques-unes des dates de leur construction.
La cathédrale de Cambrai, qui était romane, fut accommodée à un nouveau plan lorsque l’architecture gothique prévalut. M. Leglay mentionne des travaux exécutés dès 1227 pour la reconstruction des bras du transept. Le tracé d’un nouveau chœur, derrière celui qui existait, fut commencé, en 1241, la seconde chapelle à droite en 1243. Quant à la première à droite, qui complétait le pourtour du chevet, on ignore sa date, mais d’après la marche du reste des travaux qu’on voit avoir été