Page:Quicherat - Mélanges d’archéologie et d’histoire, 1886.djvu/258

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français. De plus, cette église de Marbourg a ses croisillons arrondis : disposition assez rares des églises gothiques, que la cathédrale de Cambrai présentait également.

3° A sainte Élisabeth fut consacrée encore celle des chapelles de la cathédrale de Cambrai dont la fondation, fixée dans l’histoire à 1239, serait, selon nous, du nombre des travaux exécutés par Villard de Honnecourt.

Ce sont là de simples rapprochements opérés sur des faits qui peut-être n’ont entre eux aucune connexité, mais dont peut-être aussi la parenté sera établie un jour par des documents sortis des archives de l’Allemagne ou de la Hongrie. Jusque-là tenons-nous-en sur Villard de Honnecourt aux dates précédemment obtenues. Elles permettent de la faire sortir de la grande école du temps de Philippe-Auguste ; elles le placent au beau milieu de cette génération d’hommes par l’industrie de qui le genre gothique atteignit, comme système de construction, ses derniers perfectionnements. Quoi de plus digne d’attention que cette circonstance, lorsque tout à l’heure nous verrons Villard de Honnecourt nous livrer les procédés de l’art de bâtir usité de son temps ? Évidemment le manuscrit de Saint-Germain est destiné à devenir le point de départ de toutes les études sur cette matière, étude bien neuves encore, car jusqu’à présent il n’y a guère que la conjecture qui ait été appelée à expliquer le faire des grandes constructions du XIIIe siècle.

La meilleure description d’un livre de dessins serait de le reproduire par la gravure. Nayant l’avantage de pouvoir faire passer sous les yeux du lecteur qu’un très petit nombre de figures, je devrai discourir avant tout. Cette nécessité m’en impose une autre : celle de soumettre à une classification les matières jetées pèle-mêle dans l’album.

Je les classerai donc ; et pour cela je ne prendrai en considération ni leur plus ou moins d’apparence, ni le mérite plus ou moins grand de leur exécution mais seulement la nature des connaissances auxquelles elles ont rapport. Le même point de vue me fournira la mesure du développement à donner à chacune de mes explications. Les plus grands et les plus beaux dessins de Villard de Honnecourt pourront ne recevoir de moi qu’une simple mention, tandis qu j’insisterai sur des traits souvent informes et perdus entre d’autres figures : défaut de proportion qui en réalité n’en est pas un ; car là où l’auteur se montre seulement dessinateur habile, il suffit du plus court éloge donné à son talent ; tandis que les endroits où paraît son instruction professionnelle ne sauraient être trop discutés, devant, par leur éclaircissement, fournir à la science des données qui lui ont manqué jusqu’ici.