Page:Quicherat - Mélanges d’archéologie et d’histoire, 1886.djvu/285

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des dessins de M. Viollet-Le-Duc, que la grande église de Cîteaux avait un chevet plat, et que celles de Vaux-Cernay et de Fontenay près Montbard, dépendantes de Cîteaux, étaient dans le même cas[1].

Plan du chevet et du chœur de Notre-Dame de Cambrai (fol. 14 v.). — Il en été dit assez sur ce dessin dans la première partie de cette notice[2].

Plan d’un chevet d’église à double collatéral avec abside rectangulaire (fol. 15 r.). — Il en a été parlé également comme du seul ouvrage auquel se trouve attaché le nom de Villard de Honnecourt. Outre la légende latine que nous avons citée, il y en a une autre en français, qui répète la même chose au bas de la page :Desceure est une glize à double charole k’Uilars de Honecort trova et Pieres de Corbie. Le mot charole est à remarquer ; il précise le sens de carola, que Du Cange ni ses continuateurs n’ont pu démêler, malgré les nombreux exemples rapportés dans le Glossaire Carole, en général, veut dire entourage circulaire :galerie autour d’un chœur d’église, monture autour d’une pierre précieuse, bordure au bas d’une robe ; par extension, il a été appliqué aux ronds à danser. Un exemple célèbre de carole pris dans l’acceptation que lui donne Villard de Honnecourt, a échappé aux glossateurs. Jusqu’au siècle dernier, l’usage se perpétua à Paris, d’appeler ainsi la galerie autour du sanctuaire de Saint-Martin des Champs[3].

5° Plan de chevet de Saint-Étienne ou de Saint-Faron de Meaux (fol. 15 r.). — Le doute est permis, car dans l’intérieur du plan on lit :Istud est presbiterium sancti Pharaonis in Miaus ; et dessous :Vesci l’esligement de le glize de Miax de Saint-Estienne. Comment se fait-il que le français applique à Saint-Étienne, c’est-à-dire à la cathédrale de Meaux, le plan que la légende latine donne pour celui de Saint-Faron ?L’édifice de Saint-Faron est aujourd’hui totalement détruit ; quant à la cathédrale, elle existe encore, mais non pas telle que la vit notre architecte, car des titres certains prouvent qu’en 1268, « cette tant belle et noble construction ne présentait que « lézardes, et était à la veille d’une épouvantable ruine[4]. » Je ne vois donc pas jour à résoudre l’énigme de la double attribution du manuscrit, à moins qu’on ne suppose que le chœur de Saint-Faron et celui de Saint-Étienne étaient sur un même plan. Cela rentrerait dans

  1. Dictionnaire raisonné de l’architecture française, t. I, p. 271 à 274.
  2. Voyez ci-dessus, p. 24 et suiv.
  3. Lebeuf, Hist. du diocèse de Paris, t. I, p. 307.
  4. Voir le mandement publié à ce sujet par l’évêque Jean de Poincy, dans les preuves à l’histoire de Meaux de D. Toussaint Du Plessis.