Page:Quicherat - Petit Traité de versification française, 1882.djvu/65

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DE L’EMPLOI DE L’INVERSION.

En général, l’inversion n’est pas nécessaire ; son emploi sera déterminé par le besoin de la mesure et par les exigences de l’harmonie.

Nous ne la voyons pas dans les vers suivants : Me dit que ses bienfaits, dont j’ose me vanter. BOIL. C’estmaintenant, seigneur, qu’il fautme le prouver. RAc. Ai-je flatté ses vœux d’une /aMsse espérance ? lo. Le roi m’abuse-t-il d’une espérance vaine ? CRËBtL. Mais l’inversion est quelquefois obligée c’est lors que l’idée, distribuée d’une manière progressive, doit finir par le trait le plus fort. La poésie alors a un grand avantage sur la prose, laquelle ne pourrait emprunter cette heureuse gradation.

Ce vers de Racine

Et que méconnaîtrait t’OM7 m~mede son père deviendrait faible si l’on mettait que Fo~ même de son père méconnaîtrait.

L’inversion bien employée, dit la Harpe, est a’autant plus nécessaire que souvent elle est le seul trait qui différencie le vers de la prose, et qu’en général, elle soutient la phrase poétique, et lui donne une marche plus ferme et plus noble.

Du temple, orné partout de festons magnifiques, Le peuple saint en foule inondait les portiques. RAc. Changez l’ordre de ces deux vers

Le peuple saint en foule inondait les portiques Du temple, etc.