Page:Quillard - La Gloire du verbe, 1890.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L'AME SEULE


A Ferdinand Hérold.



La bienfaisante nuit couvre la ville immense
D'où montaient vers le ciel des sanglots et des chants
Et la grande cité semble un lac de silence
Frôlé par la rumeur pacifique des champs.

Mer des vivants, mer furieuse qui te rues
Emportant dans tes plis les deuils et les baisers,
Tu roules tout le jour le pavé des rues,
Mais le soir calme endort tes râles apaisés.

Et les rêveurs amis des nécropoles saintes,
Délivrés de la joie y affranchis du remords,
Errent par les soirs clairs et fleuris d'hyacinthes
Comme des immortels dans la maison des morts.