Page:Quillard - La Gloire du verbe, 1890.djvu/128

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Hommes, laissez passer dans la nuit solitaire
Ceux qui foulent toujours des chemins non frayés
Les exilés divins ont repeuplé la terre
Et je me sens plus seul quand vous vous réveillez.

Quels démons ont pétri de leurs mains ironiques
Vos faces de mensonge et de stupidité,
Je ne sais, mais le mal suinte de vos tuniques
Et votre rire immonde attente à la beauté.

Le matin revenu, soyez tels que vous êtes.
Moi cuirassé d'orgueil et de mépris serein
Entre mon cœur farouche et vos clameurs de bêtes
Je laisserai tomber une herse d'airain.

Je m'en irai là-bas vers la forêt clémente :
Les arbres fraternels m'appellent doucement ;
L'herbe bruit , l'eau des fontaines se lamente
Et rit comme une nymphe avec son jeune amant.

La forêt a gardé pour mon oreille seule
Les chants anciens et les fleurs nobles d'autrefois