Page:Quillard - La Gloire du verbe, 1890.djvu/129

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Parfument à jamais sa mémoire d’aïeule
Et tous les rhythmes morts revivent dans sa voix.

Les chênes musculeux portent de verts portiques
Où pareils à des rois mes rêves passeront
Et près des dieux nouveaux, fils des taillis antiques
Je plierai les genoux et courberai le front.

Mais retrouveras-tu la jeunesse première,
Ô parleur orgueilleux, ivre d’un vin mauvais ?
Et si dans la splendeur de la pure lumière
Ton rêve était moins beau que tu ne le rêvais ?

Ainsi qu’un porteur las délivre ses épaules
Tu voudrais rejeter les souvenirs humains
Et suivre le ruisseau qui court entre les saules
Et marcher tout le jour au hasard des chemins.

Va ! tu n’entendrais plus les voix surnaturelles
Qui t’invitent la nuit, vers les magiques bois ;
Dans les halliers sanglants de mûres et d’airelles
Tu serais poursuivi par les mauvaises voix.