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Page:Quincey - Confessions d'un mangeur d'opium, trad. Descreux, 1903.djvu/12

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VI
PRÉFACE DU TRADUCTEUR

génie positif qui disperse partout et enracine solidement la race anglo-saxonne.

Si, de ces considérations générales, nous revenons par une transition naturelle à l’auteur qui a connu par une expérience de cinquante ans l’un des agents les plus puissants du rêve, nous trouverons dans le sujet qu’il a traité un autre sujet qui y est renfermé, et qui ne manque pas d’intérêt. Th. de Quincey a décrit avec minutie, avec précision, les effets de l’opium ; nulle part il ne cherche à les expliquer. C’est là une question qui se pose d’elle-même.

Dans ces descriptions l’on remarquera l’abondance des éléments moraux, logiques, imaginatifs ; l’absence totale de l’élément sensuel. C’est une surprise pour le lecteur, qui sait dans quel but l’Orient se livre à l’opium. On peut attribuer cette lacune à plusieurs causes. Le principale est peut-eue la réserve excessive de l’Anglais, qui considère le seul fait d’écrire des confessions comme une audace. On peut admettre aussi que Th. de Quincey n’a pas connu ce coin du paradis de l’opium, et que rompu de bonne heure à la méditation purement intellectuelle, il devait échapper à cet entraînement. Qu’on lise l’Opium de M. Paul Bonnetain, livre qui porte la trace de bien des impressions personnelles, on sers frappé de sa différence, de son opposition absolue avec les Confessions : L’on ne saurait expliquer cette diversité par la manière de prendre l’opium que l’un fume et que l’autre emploie sous forme de solution ou même en nature ; l’on doit supposer deux organisa-