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XI
PRÉFACE DU TRADUCTEUR

lontaire et pour ainsi dite convulsif d’une partie importante de l’intelligence. N’y a-t-il pas là un passage tout naturel ? L’analogie sera bien plus marquée, si nous nous reportons aux travaux récents sur la physiologie cérébrale. Ils nous décomposeront la mémoire en plusieurs mémoires bien distinctes, dont chacune peut disparaître isolément ; ils placeront ces incultes du même ordre dans une certaine circonvolution de Broca.

Certains faits donnent à penser que l’intelligence, en tant que distincte de la mémoire, c’est-à-dire en tant que faculté de combinaison, de construction, ne s’exerce pas toujours avec conscience et volonté. Le docteur Love, prédicant américain, rapporte un de ces faits : Un voyageur, endormi dans une chambre d’hôtel, fut réveille par le bruit d’un coup de feu tiré dans la pièce contiguë ; entre le moment où le son arriva à son oreille et celui où il se réveilla. Il avait eu le temps de voir se développer le songe suivant. Il était reporté au temps de sa jeunesse, s’engageait, prenait part à diverses batailles, désertait, était repris, jugé et condamné à être passé psr les armes ; il avait confondu le coup de feu tiré à côte de lui avec celui du peloton d’exécution devant lequel il se croyait placé, et il se réveillait avec le souvenir d’aventures militaires qui avaient duré plusieurs années. — M. Alfred Maury, dans son livre si complet sur le Sommeil et les Rêves, en rapporte un du même genre. Comme il dormait, la barre qui soutenait les rideaux de son lit tomba sans lui faire de mal, mais elle le réveilla. La courte durée du contact de cette