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XXX
PRÉFACE DE LA DERNIÈRE ÉDITION

En suivant ce plan, c’eût été une tâche facile, bien que laborieuse, de refondre le petit ouvrage dans un moule meilleur, et à tous les points de vue, le résultat eût pu obtenir tout au moins l’approbation des premiers lecteurs. Comparé à ce qu’il était jadis, le livre doit tendre, par le seul fait de son changement, et quelle que soit l’exécution de ce changement, à devenir meilleur ; dans mon opinion il est en effet meilleur, si l’on veut bien accorder l’indulgence et faire les concessions que mérite le bon vouloir. Il suffirait pour y avoir droit, de faire appel à la nécessité logique et rationnelle, car en se bornant à développer ce qui a reçu déjà un bon accueil, on ne fait qu’ajouter à ce qui existait auparavant. Tout ce qui était bon dans le premier ouvrage se complète par beaucoup de détails qui sont nouveaux. De plus cette amélioration est due à des efforts, à des souffrances qui paraîtraient incroyables si l’on pouvait les représenter exactement. Une maladie nerveuse d’un caractère tout particulier qui m’a atteint par intervalles pendant ces onze ans, est revenue au mois de mai de cette année, au moment même où je commençais cette révision ; cette maladie a poursuivi son siège silencieux, je dirai même souterrain, car aucun de ses symptômes ne se manifeste à l’extérieur, et cela d’une façon si obstinée, qu’après m’être entièrement consacré dans la solitude à cette seule tâche, et l’avoir poursuivie sans l’interrompre ou la ralentir, j’ai réellement dépensé en quelques jours six grands mois pour refaire ce simple petit volume.

Les conséquences ont été déplorables pour tous les