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DU MANGEUR D’OPIUM

à Killala, juste 288 hommes. Les rebelles ne furent admis à aucune capitulation, mais pourchassés et tués sans merci. Pourtant on a quelque plaisir à apprendre que grâce à leur agilité à fuir, ces ordres cruels furent à peu près inutiles. Il n’en périt guère plus de 500. Ainsi furent assurés au parti royal les pires résultats de la vengeance la plus sauvage et de la clémence la plus aveugle, sans aucun avantage de l’un ou de l’autre. Quelques districts, comme Laggan et Eris, furent traités avec une rigueur martiale, les cabanes furent brûlées et leurs malheureux habitants chassés pendant l’hiver dans les montagnes. Il y eut donc des rigueurs, car les hommes d’État les plus humains s’imaginaient à tort selon moi, qu’il était indispensable que l’armée laissât derrière elle quelque impression terrifiante sur les insurgés. Il est certain néanmoins que grâce aux conseils de Lord Cornwallis, la moyenne de la sévérité publique fut fortement abaissée, si on la compare à celle qu’on avait déjà montrée dans le Wexford.

La lenteur et la négligence avec lesquelles toute la campagne fut menée peuvent être appréciées fort justement d’après ce qui suit.

Killala ne fut pas délivrée des rebelles avant le 23 septembre malgré la capitulation générale qui avait eu lieu le 8, et ne le fut que grâce à l’Évêque qui envoya un exprès au général Trench pour hâter sa marche. La situation des Protestants était vraiment critique. Humbert avait laissé trois officiers pour défendre la place, mais leur influence avait fini par se réduire à une apparence. Et tous les jours on discutait des plans de mise au pillage, avec toutes les horreurs qui l’accompagnent. Dans cette situation, les officiers français se conduisirent