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DU MANGEUR D’OPIUM

pouvait en faire la dépense. Il admettait que ce motif-là, et celui-là seul, était compatible avec un esprit sain. Et certes on attachera quelque importance à ce détail, d’après l’anecdote que je vais citer. Vers 1823, dans un dîner avec un gentlemen qui avait deux fils à Eton, et trois autres fils plus âgés à Cambridge, j’appris avec étonnement que les deux Etoniens lui coûtaient autant, ou presque autant que les trois Cantabs ; les adolescents lui coûtant chacun 300 livres, tandis que les jeunes gens lui revenaient à environ 220.


À quelle époque, par quel signe, par quelle indication se manifeste l’âge viril ? Au point de vue physique, il y a un critérium ; au point de vue légal, il y en a un second ; au point de vue moral, un troisième ; au point de vue mental, un quatrième, — et pas un n’est défini. Il n’y a pas d’équateur, d’équateur absolu. Entre les deux hémisphères de l’adolescence et de la majorité, de la virilité parfaite ou imparfaite, comme dans tous les cas analogues, on ne saurait tracer une ligne de séparation bien nette. Le changement est un grand développement qui se répartit sur un large espace correspondant ; il y existe peut-être quelque ligne centrale ou équatoriale, mais une ligne qui, comme celle de notre planète, oscille entre certains tropiques, ou limites très distantes. Cette région tropicale peut s’étendre et s’étend en effet, à plusieurs années. Par conséquent il est malaisé, dans un cas donné, de dire avec une approximation passable, à quel moment précis il sera possible de décrire l’individu comme ayant cessé d’être un jeune garçon, et comme étant sur le point d’être immatriculé parmi les hommes. Au point de