impérieusement ; il n’y a pas dans toute la sphère de la vie humaine de devoir qui soit aussi scandaleusement négligé que celui-là.
À Bath, je fus placé avec un de mes jeunes frères à l’école de grammaire, qui était dirigée par un Étonien. L’événement le plus remarquable qui se passa pendant mon séjour à cette école fut l’évasion de Sir Sidney Smith prisonnier au Temple, à Paris. Cette évasion eut lieu d’une façon aussi curieuse qu’opportune et providentielle. En jouant à la paume ou à quelque autre jeu, il lui arriva de lancer une balle par dessus le mur. Sir Sidney Smith fut surpris de constater que la balle qui lui avait été renvoyée n’était pas la même. Heureusement sa présence d’esprit lui en fournit la véritable explication. Il se retira, examina la balle, la trouva bourrée de lettres ; de cette manière il put établir pendant longtemps une correspondance, et préparer dans tous les détails son évasion, qui, chose assez remarquable, eut lieu juste huit jours avant l’embarquement de Napoléon et de l’expédition d’Égypte, de sorte que Sir Sidney Smith arriva juste assez tôt pour se ranger en bataille, et infliger à Napoléon une défaite complète dans la rade de Saint-Jean d’Acre. Sans Sir Sidney, il est certain que Bonaparte eût envahi la Syrie. Mais que serait-il arrivé alors, il est difficile de le dire.
Je dois expliquer aux lecteurs de la génération actuelle, que Sir Sidney Smith et Sir Edward Pellew (plus tard Lord Exmouth) furent les deux paladins de la première guerre avec la France révolutionnaire. Ces deux noms ne furent jamais prononcés qu’à l’occasion de quelque victoire splendide dans une lutte inégale. Aussi la nation fut-elle attristée quand elle apprit que Sir Sidney