Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/241

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Passent et ne reviennent plus ;
Et tous les vieux rois chevelus,
Comme des ombres sans mémoire,
La nuit, au bruit de cent échos,
Rentrent vivants dans leurs tombeaux.
Dans mon bivac au toit de neige,
Les empereurs font mon cortége.
D’un monde vieux, trop jeune encor,
J’ai clos le blason séculaire ;
Et César à la bulle d’or,
De mes pieds baisant la poussière,
Sous l’étrier de mon cheval
A mis son globe féodal.
D’hier la bataille est gagnée ;
La vieille Europe est enchaînée,
Et la paix du monde signée.
Armes, cuirasses, étendards,
Canons muselés sur leurs chars,
Drapeaux qu’avaient brodés les reines,
Aigle aux deux têtes souveraines,
Villes, hameaux et châteaux-forts,
Et la terre de sang trempée,
Et les vivants comme les morts,
Tout appartient à notre épée.
Les étendards et les drapeaux
Sous le dôme des invalides
Seront suspendus en faisceaux,
Du sang de Lanne encore humides ;
Puis aux mille cris du clairon,
Pour tous les morts de mon royaume,
Demain sur ma place Vendôme,
Avec le bronze du canon
Vous ferez fondre une colonne