Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/242

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Aussi pesante que mon nom.
Vous y mettrez, sous ma couronne,
D’avance au fond de mon tombeau
Les cendres de Montebello.
Là, toujours vêtus de leurs armes,
Comme en la tour de mes combats,
D’airain seront tous mes soldats,
D’airain leurs yeux, d’airain leurs larmes,
D’airain le front des généraux,
D’airain les pieds de leurs chevaux.
S’ils ont faim du pain des héros,
Ils mangeront l’épi de gloire
Qui croît dans mon sillon de fer ;
Et, s’ils ont soif, ils viendront boire
Au bord de la nue en hiver.
La ville aux cent portes d’ivoire,
Où les conduira mon chemin,
Est plus loin que le vieux Kremlin,
Plus loin que les flots du Jourdain,
Plus loin que les sables arides
Où rampent les sept pyramides.
Elle s’appelle éternité.
Haut est son mur de citadelle,
Son champ de lances est planté,
Sous son manteau la sentinelle
Ses nuits de bronze passera,
Et mille siècles veillera.
Et moi, debout sur sa tourelle,
Je verrai par mon escalier
Monter jusqu’à moi mes batailles,
Comme une vigne de murailles
Monte et grandit sur l’espalier.
De cette cime, sans rien dire,