Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/251

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Ou tout ou rien, seigneur ! Le sort en est jeté !
Dieu !… j’ai perdu mes jours. Rends-moi l’éternité. "


XXIX. L’ANATHÈME

 
Et dans Rome le pape a vu, jusqu’à son faîte,
Comme au flanc du Liban, le cèdre du prophète,
Sur son mont sourcilleux monter l’orgueil humain ;
Et le monde adorait l’idole de sa main.
Qui la condamnera vers son heure suprême,
Si ta bouche, seigneur, ne lui dit : anathème !
Et dans Rome le pape avec ses cardinaux
Des bulles d’anathème a rompu les sept sceaux.
Au balcon de saint-Pierre où sa mitre étincelle,
Il s’est levé debout sur la ville éternelle.
Or, la ville écoutait ; or, le vent se taisait,
Et le monde entendit une voix qui disait :
" Au nom du trois fois saint, d’où vient toute lumière,
Au nom du saint-esprit, et du fils, et du père !
Napoléon de Corse, hier sacré par nos mains,
Le plus grand roi des rois, le maître des humains,
Fléau du Dieu jaloux, idole de la terre,
Qui fus poussière un jour, va ! Redeviens poussière !
Car ton heure est passée et tes jours sont perdus ;
Ta joie est disparue et ne reviendra plus ;
De ta haute Babel, précipite toi-même
Tes vains désirs encor chargés du diadème.