Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/252

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Tu pensais donc, ainsi renversant toute loi,
Qu’aucun trait du seigneur ne monterait vers toi ?
Et tu fermais l’oreille à la plainte du monde ;
Et tes fautes, sur toi, s’entassaient comme l’onde.
Archange de colère, assez ! Assez de sang !
De toi s’est retiré le bras du tout-puissant.
Rends-lui son vase plein. Dans ta main qui l’agite,
Sa vengeance, en ta coupe, a débordé trop vite.
Élu pour châtier les peuples et les rois,
Tu fis ce qu’ils font tous, plus superbe cent fois.
Comme eux tu t’adoras au bord de ton abîme ;
Et Vincennes encor se souvient de ton crime.
Tu te fis ton autel de ton iniquité,
Et tu ne vis que toi dans ta prospérité.
Empires, nations, tu n’aimas rien sur terre,
Hors le cri du clairon, hors ta tente guerrière,
Hors ton pâle coursier, sous ton faix chancelant ;
Tu n’eus point de pitié de l’univers tremblant ;
Tu frappais, lourd fléau, comme un aride chaume,
Les peuples entassés en ton muet royaume.
Jamais tu ne prias en ton plus grand danger.
Tu repoussas les cieux comme un don mensonger.
Partout tu dédaignas, comme une arme émoussée,
Le seul glaive qui dure : esprit, âme, pensée.
Et c’est aussi pourquoi, nous, serviteur de Dieu,
T’interdisons le pain, et le sel, et le feu,
A toi, Napoléon Bonaparte de Corse !
Comme un lion chasseur l’éternel en sa force