Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/280

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Puis, tout se tait ; puis, tout sanglant,
Le fleuve se ride en tremblant.
Ah ! Quand reviendra sur la grève
Le cavalier avec son glaive ?
Déjà cent vagues l’ont bercé ;
Déjà mille flots ont passé.
Quand sortira-t-il de l’abîme ?
La vague pâlit à sa cime.
L’hirondelle effleure le bord ;
Le flot se tait, le flot s’endort.
Quand reviendra dans sa vaillance
Le cavalier avec sa lance
Au bord des fleuves polonais ?
Quand son cheval sous le harnais
Retrouvera-t-il son étable ?
La vague caresse le sable,
Le pluvier niche sur le bord.



XXXVIII. CHAMP-AUBERT

 
Le flot s’éveille ; il fond sur son bord insulté.
C’est le flot, c’est le flot de ton adversité,
France ! Il croît, il mugit, il soulève sa dune ;
C’est le lac, c’est le lac de ta noire infortune,
France ! Il monte, il grandit ; il se rit de tes pleurs ;
C’est la mer, c’est la mer des immenses douleurs.