Si c’est de nous que vous parlez, nous ne sommes
pas des mages, nous ne sommes pas des rois.
Les présents que nous avons apportés sont une
peau de loutre, un collier de paras, une
croix de coudrier et une agrafe de buis
ciselé. Nos coffres sont vides, notre
journée d’esclaves ne nous est pas payée ;
nous n’avons pu acheter à la ville ni soie,
ni dorure.
Cà, bon laboureur, sur votre lit de paille,
venez donc labourer dans notre glèbe.
Gentil moissonneur, levez-vous pour emporter sur votre dos votre gerbe de peuples.
Petit vigneron endormi dans votre crèche, habillez-vous promptement, pour cueillir sur votre cep une grappe du monde que le soleil a mûrie.
Beau bouvier, dans votre étable, prenez votre cornemuse à votre cou et votre aiguillon pour pousser devant vous les étoiles et les rois paresseux qui s’attardent en chemin.
L’Ange Rachel, jouant de la viole.
Ma viole que votre père m’a donnée a trois
cordes d’argent. La première est pour lui
dans la nue, la seconde est pour votre mère
sous son voile, la troisième est pour vous
chanter un noël dans votre crèche. Rêvez
votre rêve, en écoutant ma viole ; rêvez
doucement que votre étable est une nef toute
d’or ; que votre crèche est de diamant ;
que votre toit est bâti de pierres du ciel.
Ne pleurez pas, Dieu de la terre ! Si le
vent souffle, si la pluie tombe, j’ai ouvert
sur votre tête mes deux ailes que la pluie
de noël ne mouille pas.
à qui votre mère s’est-elle mariée, que vous
êtes si