prince, ne reviendras-tu pas roi pour coucher à ton aise, jusqu’au milieu du jour, dans une couche d’or ?
Ahasvérus, en sortant.
oui, je reviendrai le roi de la douleur pour
dormir dans mes larmes, encore plus tard que le
milieu du jour.
Saint Michel.
Le soleil va se lever. Pars. Prends ce sentier
pierreux ; moi, je retourne au ciel.
Ahasvérus, seul.
Adieu, le banc et la porte de mon père. Adieu,
ma natte avec mes rêves d’enfant. Adieu, mes
nids de cigogne, mon figuier d’Arabie et mon
sycomore qui croît sur le haut des murailles.
Adieu, les compagnons qui gardent les cavales
au bord de l’étang. Quand je les reverrai,
le vent m’ouvrira la porte, les petits des
cigognes auront quitté leurs nids, et les
cavales, avec leurs cavaliers désarçonnés,
blanchiront sous mes pas comme les pierres
du chemin.
je ne suis pas des voyageurs qui s’en vont en un
jour de Joppé en Galilée, pour vendre leurs
étoffes de lin avec leurs joyaux de prix.
Eux, ils marchent avec leurs caravanes,
Ahasvérus a le désert pour compagnon ; tous
vêtus de soie et d’or, Ahasvérus est vêtu
de ténèbres ; tous sous des manteaux aux
agrafes d’argent, Ahasvérus sous le toit des
tempêtes ; tous avec un guide aux pieds
ferrés, Ahasvérus est mené par la main des
autans ; tous vers