Aller au contenu

Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Allons voir, à travers ses rideaux d’argent, si la reine dort encore. Veilleur, fais bonne garde.

Je rentre dans ma nef avec monseigneur saint Eloi.


(Ils sortent.)



Une maison noire dans un carrefour. La mort sous le nom de Mob, vieille femme qui se chauffe dans les cendres. Rachel, jeune fille qui demeure avec elle.'



(L’ange tombé, qui était auprès du berceau du Christ, dans la scène des rois mages.)



Mob.

Rachel, où est mon tablier ? Apporte-moi du bois mort pour réchauffer mon squelette.

Pendant que tu gazouilles ici avec ton sansonnet, mes genoux tremblotent, mes dents clapotent, mes mains grelottent. J’ai fait cette nuit bien du chemin. J’ai veillé trois heures au chevet d’un pape ; j’apporte sa mitre avec un peu de cendre. Voici la couronne d’un duc, voici le manteau d’hermine d’un baron.

Cache-les dans mon bahut avec cette urne où ils mettent leurs larmes. Je n’ai dormi rien qu’une heure ; c’était sur les genoux d’un fiancé, aux cheveux bruns ; il a rempli, sans le savoir, de ses larmes salées, le vide de mes yeux ; il a poli comme l’ivoire l’os de mon front avec les charbons de ses lèvres. Je t’ai apporté pour ta fête le bouquet de lilas d’une nouvelle épousée que j’ai conduite au bal par la main. Oh ! C’est que ma vie est une fête quand j’ai descendu les trois degrés de notre porte. Mon cheval ne touche pas la terre avec ses ongles. Les feuilles des arbres jaunissent à son souffle, et tombent pour lui faire son chemin. La bise me porte où je veux.



Les étoiles scint-