Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/251

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Pour refermer ton gouffre
Avant ce soir ?

Beau prince des fées,
Parmi les nuées,
Qui haut sieds, plus haut vois,
N’entends-tu pas la voix,
Qui bien me désagrée,
De Rachel l’éplorée ?



(le chœur s’éloigne.)



Adieu, monde qui t’empires chaque jour. Adieu, rosée des bois, maintenant trop impure pour y baigner nos cavales invisibles. Adieu, femmes, nos rivales, au corps léger, à présent trop dépensières de votre cœur dolent, pour puiser sur vos lèvres notre boisson du ciel. Vous avez trop pleuré. Ah ! Vos beaux yeux en sont las. Vos joues sont plus pâles que pâles fleurs de lis cueillies au val de Clarençon. Adieu aussi, étoiles de David et du berger, qui, sans clore jamais vos paupières, demi-cachées sous vos nues, trop curieuses, trop avez vu d’adultères tricheries. Dans ce grand univers, il n’y a plus, par Dieu l’omnipotent, un coin de terre où mon char, pour une nuit, ne s’embourbe jusqu’à l’essieu. Honni soit-il ! Frappons-le d’un coup de pied au départir.

Au départir, sœur Brigitte, savez-vous comment est fait l’amour que j’aime ? C’est celui d’un long regard, le front clair, la tête encline, qui jamais ni soir, ni matinée, n’a dit : assez ; qu’une goutte de pluie de mai désaltère pour une année, qu’un baiser d’un doux ami tuerait.

C’est à la vêprée, sous la lune luisante, un propos qu’on voudrait retenir, et puis deux, et puis trois, et puis quatre, tous plus secrets, et meilleurs, et plus bas et plus longs, qui