Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/260

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Tu railles quand tu commandes ; mais cette fois, quel qu’il soit, ton ordre n’est pas dur.



Mob.

C’est un véritable ange que je vais vous donner, entendez-vous ? Cependant, si j’ai un conseil à vous offrir, c’est quand elle sera en votre possession et que vous aurez la loi pour vous, de la traiter comme une simple esclave.



Ahasvérus.

Tu peux la tuer, mais tu ne peux pas désenchanter cet être tout céleste.



Mob.

Laissez-moi faire. Depuis longtemps votre situation me touchait. Il serait, en effet, infiniment à regretter que votre nom vînt à périr, et qu’il ne restât pas de vous un rejeton pour recueillir les avantages que la vie vous a faits. Votre isolement me peinait, et je ne le sentais que trop par moi-même. Car vous voyez devant vos yeux une pauvre veuve.



Ahasvérus.

Veuve de qui ?



Mob.

Du néant. Il vous fallait une compagne. Sans cela le sens de votre vie était incomplet. à l’avenir, toutes vos impressions seront doubles. Quand vous, vous rêverez du ciel, votre compagne filera vos chausses et comptera ses mailles ; c’est ainsi que vous arriverez à ce miroir de réalité où je ne puis me lasser de regarder ma figure.



Ahasvérus.

Seras-tu à nos noces ?



Mob.

Presque toujours, à présent, je m’arrange pour me trouver entre les deux époux dans la couche nuptiale.



Ahasv