Rendez-nous nos soupirs et nos larmes !
La Cathédrale.
Les vents aussi ont des soupirs quand c’est le
soir : demandez vos soupirs aux vents. Les
grottes ont des larmes qu’elles distillent
goutte à goutte : demandez vos larmes aux
grottes.
Chœur des Enfants.
Rendez-nous, à nous, nos couronnes de fleurs ;
rendez-nous nos corbeilles de roses que nous
avons jetées à la fête-Dieu sur le chemin des
prêtres !
La Cathédrale.
Il y a des roses de pierre sur ma tige ; il y a
des guirlandes de pierre autour de ma tête.
Enfants, si vous pouvez, découronnez ma tête
et reprenez vos roses sur ma tige.
Le Pape Grégoire.
Et moi, qu’ai-je à faire désormais de ma double
croix et de ma triple couronne ? Les morts
s’assemblent autour de moi pour que je donne
à chacun la portion de néant qui lui revient...
malheur ! Le paradis, l’enfer, le purgatoire,
n’étaient que dans mon âme ; la poignée et la
lame de l’épée des archanges ne flamboyaient
que dans mon sein ; il n’y avait de cieux
infinis que ceux que mon génie pliait et dépliait
lui-même pour s’abriter dans son désert...
mais peut-être l’heure va sonner où la porte
du Christ roulera sur ses gonds... non, non !
Grégoire De Soana, tu as assez attendu !
Tes pieds se sont séchés à frapper les dalles ;
tes yeux se sont fondus dans leurs orbites à
regarder dans la poussière de ton caveau ; ta
langue s’est usée dans ta bouche à appeler :
Christ ! Christ ! Et tes mains sont restées
vides ; oui, elles sont encore vides, toujours
vides comme tout à l’heure ! Regardez, regardez,