nous tenons
allumé, pour son arrivée, l’âtre de nos volcans.
C’est assez de parfums dans l’air qui les
prodigue ; c’est assez de vagues sur nos rives ;
c’est assez de rayons versés de nos nuages.
Reposons-nous sans plus rien faire, puisque
notre maître ne viendra pas inspecter notre
ouvrage.
Grand saint, c’est ainsi qu’ils parlaient, je le
jure ; et plus leur foi s’en allait dans leur
cœur, plus la vie leur manquait sous les pas.
J’ai vu des fleuves qui, doutant en chemin si
la vallée les attendait encore pour les prendre
dans son lac, s’arrêtaient dans leur route, et
tarissaient leurs flots ; j’ai vu des mers qui,
ne sachant plus quel nom prononcer dans la brise
des nuits, se creusaient d’elles-mêmes un
silence mortel, et dispersaient leurs ondes en
secret ; j’ai vu de belles étoiles vagabondes
qui, doutant du lendemain, s’arrêtaient dans
la nuit et se noyaient dans l’océan ; j’ai vu
de grands déserts secouer autour d’eux sur le
monde leurs crinières de sable, las d’attendre,
accroupis à la porte des temples, que les
temples s’ouvrissent. Les fleurs ne croyaient
plus au lever du matin, et les fleurs fanées
ne se levaient plus pour boire la rosée ;
l’ombre ne croyait plus au corps, ni le flot
à sa source, ni le vin à sa coupe, ni le banc
à son seuil, ni la barque à sa rame, ni la
vallée à son sommet, ni l’univers à son
seigneur. Les forêts toutes jeunes, qui
doutaient de leur sève, flétrissaient leurs lianes
sur mon front ; et la terre, au hasard,
roulait vide sous ma griffe, sans plus
s’inquiéter de son chemin, comme la bulle
de cuivre que les rois m’avaient donnée pour
m’amuser sur leurs blasons lampassés d’or.
Saint Mathieu.
As-tu trouvé encore mon pays de Galilée et son
bois de figuier ?
Saint