Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/329

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la lame de vos sabres ébréchés ; attachez à vos pieds vos souliers de Marengo ; et déployez, avant que le soleil périsse, votre drapeau que l’araignée vient de tisser. Mon empereur, qui est venu de Sainte-Hélène, est déjà monté sur son cheval, et il court au galop. La mort n’a pas changé son épée à son côté, ni souillé ses éperons, ni fait tomber son chapeau de sa tête. à sa main, il porte le nom de toutes nos années ; et c’est lui qui rangera sur la colline tous nos siècles en bataille. Allons voir, avec lui, si nous nous sommes trompés quand nous buvions notre sang comme l’eau, quand nous poussions la roue de notre chariot de guerre, et quand nous faisions depuis mille ans la sentinelle sur le bord de la haute tour que le genre humain s’était bâtie.



Le Docteur Albertus-Magnus, enfermé dans son laboratoire et paraissant sortir d’une profonde rêverie pendant laquelle il ne s’est pas aperçu que le monde passait. Des livres ouverts et des instruments de sciences sont entassés pêle-mêle devant lui.


Oui, dans mon sein qui palpite, la lumière incréée pompe ma vie. J’en ai le pressentiment. C’est l’heure où la vérité va se révéler à moi. Le mystère des choses commence à poindre, et, dans mon abîme, mon oeil va voir clair jusqu’au fond.

Le dernier jour de la science est arrivé ; ma méditation portera son fruit. La logique est mûre, la critique aussi. La métaphysique a enjambé à priori son cercle de diamants ; et dans sa forêt enchantée la dogmatique s’est réveillée en peignant ses