âme est écrite
la raison de l’univers, et dans le ciel
de mon cœur les étoiles qui se lèvent ne
se couchent pas. Second Prométhée, si la vie
succombe, en puisant là dans mon sein, que trop
d’amour nuit et jour attise, je la rallumerai.
Voyons. La chose en vaut la peine. Sans trembler,
cette fois, redescendons plus loin dans ma
pensée, par la voie de l’analyse.
N’y voici. J’en touche le fond. Déjà, dans ma
nuit, je sens là une plaie, et puis là une autre,
et puis là une source de pleurs qui n’ont pas
encore coulé ! Holà ! En cet endroit, voici
encore, in fundo cogitationis, un souvenir
qui saigne. Sur ma foi, je suis comme un vieil
arsenal plein de haillons envenimés, d’épées
ébréchées contre mon seuil, de cuirasses meurtries
sur mes dalles, d’armes qui blessent quand on
les touche, et de dards suspendus à ma muraille
qui font mourir ceux qui les remuent. Sous ces
débris qui sanglotent, sous ces regrets
gémissants, quelque chose brille là. Oui. -
non. -un Dieu peut-être ? -point. C’est une
larme qui tombe de ma voûte.
Au bruit que ma pensée fait en marchant sur ma
ruine, mille images ressuscitent tout debout dans
mon âme. Le front pâle sous leur linceul, mille
espérances à demi mortes, à demi vives, se
redressent dans mon cœur. Rendormez-vous,
mes espérances. Ah ! Tous mes désirs, rendormez-vous
d’un long dormir. Dans ma cendre que je remue,
il n’est point d’or. Tout est poussière qui
s’attiédit.
La chose est certaine. Je débute mal. Un cœur
d’homme tout seul ne vaut rien pour y puiser
la science. Trop de
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