qui n’étaient plus. Quand tout disait : c’est un rêve, j’ai cru seule au long espoir. Une pensée, un songe, une chimère m’étaient sacrés. Sous mes larmes aveuglantes j’entrevoyais des cieux meilleurs. J’ai vécu dans un rêve que personne n’a eu. Pour ma fête, je me parais ; et ma fête était au delà de la terre. Le monde m’appelait, et, sans rien dire, je répondais tout bas au ciel : me voici. - voilà pourquoi je revis.
Le Poète.
Une voix, une voix a percé mes os. Deux larmes en
tombant sur ma cendre ont refait l’argile de mon
cœur ; je suis ressuscité.
Par ce sentier, laissez-moi suivre celle qui m’a
fait renaître. Mes jours, quand j’étais sur
terre, ont été trop courts pour verser à loisir
sur ses pas, comme une huile de parfum, ma vie
tout entière. Maints secrets inachevés qu’elle
devait connaître, maintes paroles à moitié
prononcées sont restées sur mes lèvres. C’est
bien le moins, mon dieu ! Que je voie passer
ici cette âme sans son corps, comme un aveugle
voit une fleur dans son parfum.
De tout un monde, il m’est resté cet anneau à mon
doigt ; et sur mon cœur cette lettre que la
mort n’efface pas, à peine lue, à peine close,
d’une encre plus pâle que des larmes, et dont
la réponse doit se trouver au ciel. Ciel,
rends-moi-la, celle qui l’écrivit. Une heure
seulement, que sa lumière m’éclaire ! Et puis
je redeviendrai poussière ; ah ! Oui, poussière,
pour sécher dans mon livre ces derniers mots
que tu lui montreras.