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Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/397

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satellites, où sommes-nous ? Que les étoiles amoureuses, en soulevant leurs voiles, laissent tomber leurs bouquets de leur sein. Pendant que je joue plus doucement, en hochant la tête, l’éternité dit sa chanson :



" Quand je suis née, en quel endroit, je n’en sais
" rien. Sans m’inquiéter, dans ma tour, je filais,
" filais à mon rouet des cieux et des astres
" nouveaux pour en broder ma robe. "


" Maints dieux l’un après l’autre sont venus à ma
" porte pour m’épouser sans demeurée, tous habillés de
" rubis, tous portés sur des nues, tous avec des
" globes d’or qu’ils tenaient dans leurs mains :
" choisissez-moi pour votre fiancé ; je vivrai
" bien mille ans. "


" Mais celui qui me plaisait n’avait ni rubis,
" ni or. Sa tunique était déchirée. J’ai voulu
" la lui recoudre. à son côté, saignait une
" plaie de lance, j’ai voulu la guérir. Sa
" couronne était d’épines de Judée ; j’ai
" voulu la porter. "


" Son père était trop pauvre pour l’habiller de
" gloire ; j’étais riche pour deux. De mon
" manteau je séchais ses dures larmes. Mais
" mille ans et mille ans ont changé ma fantaisie.
" mes messagers, cherchez-moi un autre dieu
" plus jeune, que j’aime davantage. Sans
" tromperie, cette fois je lui serai fidèle. "



Les Violes.

Assez ; je n’en puis plus. S’il faut gémir, comme des sœurs échevelées, ensemble nous pleurerons nos pleurs filés de soie vierge et d’argent.



Les Trompes.