que je rescellai, de ma main, dans le creux des rochers et dans le ciel frissonnant des lacs.
Je veux qu’on vous montre la terre depuis
qu’elle échappa de ma main comme le grain du
semeur pour produire son ivraie, jusqu’au
jour où je la moissonnai toute sèche et fanée
dans la vallée de Josaphat. Femme adultère
qu’avant-hier je lapidai au bord du chemin,
vous la verrez sans voiles, sous sa ceinture
de mers, de vallées et de forêts qu’elle délia
le soir de sa nuit éternelle. Vous verrez par quels
longs soleils et quelles arides nuits, la
coupe où mon nom et ma vie débordaient peu
à peu s’altéra, et ne garda que la lie et
l’univers au fond.
Saint Bonaventure.
Seigneur, quand l’hirondelle allait partir pour
l’Afrique ou l’Asie, ses petits secouaient
à l’avance leurs ailes sur les toits de
Florence la belle. Ainsi, nous nous hâtons,
hirondelles divines, pour vous suivre à jamais
dans les mondes futurs qui dorment en
vous-même et que vous allez créer. Ce monde
sera-t-il, seigneur, un autre monde de
Calabre, avec des monastères et des cellules
de diamant ? Seront-ce des cyprès avec une
mer endormie sous leurs feuillages d’ivoire,
des barques sur des flots sans fond avec des
voiles de lumière, et des frères avec leurs
auréoles, assis parmi des ruches et des
abeilles d’or ?
Saint Hubert.
Seront-ce point, seigneur, des cathédrales d’or
massif, d’épaisses voûtes en pierreries, des
vitraux faits d’un pan de votre robe ?
Seront-ce point, à l’entour, des bouleaux
et des frênes d’argent, et des balcons en
marbre sur un fleuve grand six fois comme le
Rhin de Cologne ?
Sainte Berthe.
Seront-ce point, seigneur, des enfants tout
endormis que vous bercerez sans fin, dans vos
bras, au-dessus des