Si tu t’arrêtes sur le chemin, quand tout le monde sera passé, les dives noirs t’emporteront dans l’air où ils font leurs danses.
L’Enfant.
Je ne veux pas être emporté par les dives, mais
mes pieds sont en sang (il pleure) ;
est-ce que je vais mourir ?
Une Péri.
Viens, Ferdoun, pends-toi à mon cou ; cache tes
pieds dans mes longs cheveux ; je te porterai
jusqu’au pays d’Iran. Tu trouveras pour ta soif
des sources de cristal, pour te réchauffer
des fontaines de naphte, pour ta faim des figues
fraîches, des dattes dans les bois feuillus, des
cocos et des oranges d’or.
L’Enfant.
Vraiment aussi des oranges d’or ?
La Péri.
Tu rencontreras en passant, tout ruisselants
d’écume, au bord des golfes, les avatars au
corps de femmes qui te feront signe et
t’appelleront pour te bercer au fond de
l’eau. Les fleuves y courent sur leur sable
plus vite que les archers sur leurs chevaux,
quand ils font résonner leurs carquois. Le
désert se roule à l’entour avec son parfum
de myrrhe, mieux que la ceinture de lin que
ta mère étend dans la nuit auprès d’elle. La
neige y blanchit sur le mont, mieux que la
mitre sur la tête des prêtres. Depuis mille
ans, les lacs s’y balancent dans leurs vallées,
comme des rois qui songent leurs songes de rois
sous des tentes d’azur.
L’Enfant.
Péri, bonne péri, je veux, en arrivant, réveiller
les lacs dans leurs lits ; je veux entendre
résonner le carquois