chaque étoile, dans sa robe d’argent. Mes rayons pendent échevelés aux colonnes de Persépolis. Ninive a des tours à créneaux, où ils se penchent aux fenêtres. Mais j’aime mieux les murs de Babylone ; sur ses toits ils s’amassent et s’assoupissent sans bruit, comme des flocons de neige sur la cime des montagnes.
Une autre étoile.
Peut-être, mes sœurs, faisons-nous le même
voyage que les tribus des hommes. Comme elles
égarée, je voudrais converser avec elles.
Volontiers je leur enverrais des rêves avec
mes rayons d’or. Je donnerais mes paroles au
vent ; le vent les porterait à la fleur du
désert, la fleur au fleuve, le fleuve les
redirait en passant dans les villes.
Toutes.
Oui, c’est là ce qu’il faut faire.
Une Fleur Du Désert De Syrie.
Ma tête ploie sous la lumière des étoiles ; mon calice se gonfle de rosée, comme un cœur se
remplit d’un secret qu’il voudrait répéter.
Dans la nuit, ma fleur s’est rougie de taches
couleur de sang, comme la robe d’un lévite le
jour du sacrifice ; le murmure des étoiles est
descendu dans mon calice et s’est mêlé à mon
parfum. Je porte un secret dans mon calice,
j’ai le secret de l’univers qui lui est
échappé en songe pendant la nuit, et point
de voix pour le redire. Ah ! Dites-moi où
est la ville la plus proche. Est-ce
Jérusalem, ou est-ce Babylone ? Que les
passants viennent cueillir le mystère qui
charge ma couronne et me fait baisser la tête.
L’Euphrate.
Fleur du désert, courbe un peu plus encore ta
tête sur mon lit, que j’entende mieux ton
murmure ; de flots en flots, toujours en
bondissant, je le porterai jusqu’aux