murs de Babylone ; ton secret, dis-le moi ; je le déposerai sur des vagues argentées au pied des tours des chaldéens.
Habitants de Babylone sur leurs toits.
Voyez si l’Euphrate ne brille pas ce soir sous
les saules, comme la lame d’un poignard tombé
d’une table de festin. Ses murmures ne seraient
pas plus doux, quand il roulerait au fond de
son lit des vases sacrés d’or et d’argent.
Un Esclave.
Ou bien, quand tout un peuple penché sur ses bords
y aurait laissé tomber ses larmes une à une.
Un Roi.
Ou bien, quand un empire avec les tiares de ses
prêtres, avec la robe de ses rois, avec ses
dieux étincelants, serait englouti depuis
mille ans sur son lit de gravier, comme une
fleur des eaux.
Chœur des Prêtres.
La lumière de la nuit éclaire les inscriptions de
Sémiramis gravées sur le roc de la montagne
d’Assur. Chaque mot brille d’ici comme une
lame de feu qui écrit sur la pierre la langue
du firmament. Comme la lyre répond à la lyre,
que les voix des étoiles, que leurs volontés
muettes éclatent parmi nous avec des voix de
peuples et des échos qui durent un siècle.
L’orient a étendu autour de lui ses peuples
et ses empires, comme la nuit sa robe brodée
d’étoiles, pour que les dieux s’en vêtissent
au jour. Mais l’univers ne fait encore que
poindre, et celui qui l’a réchauffé de son
souffle le tient comme le petit d’un ramier
dans sa main. Pendant que les pas du Dieu
des dieux se voient sur l’herbe d’éden et de
Cachemire, marquons ses traces sur le haut
des monts. Ni le soleil ni le cœur des
hommes n’ont point bu encore à cette heure
son haleine. Comme l’arabe se lève dans la
nuit pour lécher la rosée