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Page:Quingey - Queteuse de frissons, 1928.djvu/39

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pas moi qui peut vous rendre ce que vous avez perdu. C’est un peu d’abstinence.

» Pour madame, je la prends sous ma protection ! »

Teddy, qui ne se sentait pas très solide et qui, d’ailleurs, était las de Léa, s’en fut en se frottant les mains à l’idée d’économiser un voyage de retour à Paris.

Et, descendu au bowling, il trouva une toute petite jeune fille qui paraissait désorientée :

— Mademoiselle, dit-il, si vous avez besoin d’un gentleman, voici tnon bras !

— Oh, monsieur, c’est avec plaisir, mais qui êtes-vous ?

— Mademoiselle, je suis un bon ami de la France, négociant à New-York et membre de l’American Legion que vous avez connu dans ses parades.

— Que je suis heureuse, monsieur ! Oh ! Dites ! Ramenez-moi à Paris si vous y retournez. Je sais com­bien d’Américains sont chevaleresques, en souvenir de Lafayette mais j’en fuis un qui est méchant, méchant !

Et la petite de raconter son aventure dont nous ferons grâce au lecteur, pour les détails. Remarquée par un Américain du Sud, elle avait eu promesse de mariage. Elle avait ainsi quitté sa famille et suivi son amoureux à Nice, en Italie, un peu partout jusqu’à Strasbourg où on l’avait finalement quittée, car elle ne voulait pas faire chambre commune avant les noces, bien que depuis longtemps elle eût vu le loup, comme on dit. Mais elle espérait les épousailles.

Or, elle était à bout de forces, à bout d’argent, et Teddy semblait aussi riche qu’il était beau garçon.

Cela tombait vraiment bien pour le directeur du Chat­-Percé qui avait précisément quitté Léa dix minutes auparavant.