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— Un bock, mademoiselle ?

— Oh, monsieur ! Ce n’est pas de refus.

Et voilà nos deux nouveaux amis au bar du bowling. On cause, et de tout.

Mais il y a, là-bas, un couloir obscur. Teddy y entraîne la petite Léonie :

— Ah ! chérie, je suis tout à vous, mais soyez toute à moi ! Voulez-vous me donner vos lèvres ?

Elle les lui donne, mais le repousse quand il fait sentir, à la petite, son ardeur frémissante.

— Ne soyons pas trop pressé, pense l’Américain. Mais arrivons au but ce soir après la préparation légitime !

Déjeuner, dîner. On se retrouve au bowling vers les dix heures.

Le couloir sombre est toujours là. Les lampes y sont épargnées à plaisir. Mais que de monde !

Une porte s’ouvre au milieu de cet obscur boyau.

— Qu’est-ce donc ? demande Teddy à un employé.

— Monsieur, deux francs par personne, c’est la célèbre attraction du plancher mouvant.

— On y va, petite ?

Consentement.

Il fait noir, le sol s’agite. On monte, on descend comme dans des gouffres. La petite se serre contre Teddy. Teddy perd la tête.

Voici un coin où le plancher a l’air solide, au juger, car il y fait noir, très noir.

— Reposons-nous ! Petite Léonie ! Quittons, une minute, ces chausses-trappes semées sous nos pas par une administration cupide et facétieuse !

Mon Dieu ! C’est la grotte de Calypso. D’ailleurs, la petite n’a plus rien à perdre. Au bruit grondant du plan­cher mouvant les lèvres s’unissent, bravant l’orage. Les corps se serrent et l’éternelle nature cherche la satisfac­tion par quoi se perpétuent les êtres et leurs misères.