Page:Quitard - Dictionnaire des proverbes.pdf/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
134
BEN

Les Romains disaient dans le même sens : Aurum habere Tolosanum, avoir de l’or de Toulouse ; proverbe dont nous nous servons également, et dont voici l’origine : Il y avait autrefois à Toulouse, dans un temple qui est devenu, dit-on, l’église de Saint-Sernin, un trésor de cent mille livres pesant d’or, et de cent mille livres pesant d’argent, suivant les écrivains qui ont le moins exagéré dans le calcul de cette richesse. Ce trésor n’avait point de garde, parce que la croyance générale était qu’il porterait malheur à ceux qui l’enlèveraient. Le consul Servilius Cépion, étant entré dans la ville, qui s’était donnée aux Romains pour échapper à la domination des Cimbres, se moqua d’un pareil préjugé, et, n’écoutant que son avarice, il ordonna de piller le temple. Ensuite, il fit partir le butin pour Marseille, d’où on devait le transporter à Rome ; mais il envoya secrètement des assassins qui égorgèrent les conducteurs, et il se l’appropria par ce nouveau crime. L’année suivante, sa folle témérité perdit l’armée et causa un des plus épouvantables désastres qu’aient jamais essuyés les Romains. Il fut destitué de son commandement, dépouillé de ses biens et exilé du sénat. Tous les spoliateurs eurent également un sort misérable, qui fut regardé comme un châtiment infligé par les dieux ; et de là vint l’adage de l’or de Toulouse, usité dans les Gaules pour signifier que les larcins n’attirent sur leurs auteurs que des calamités.

B. Thomas à Villanova (de Villeneuve) rapporte un proverbe semblable, souvent cité dans les écrits des Pères de l’Église : De Jericho sibi aliquid reservare, se réserver quelque chose du butin de Jéricho. Ce qui est fondé sur la punition d’Achan, lapidé, avec toute sa famille, par ordre de Josué, pour s’être emparé d’un manteau d’écarlate, de deux cents sicles d’argent et d’une règle d’or, à la prise Jéricho.

On ne peut avoir en même temps femme et bénéfice.

Il y avait autrefois des bénéfices que, durant certains mois, les collecteurs, patrons laïques, étaient obligés de conférer aux gradués de l’Université. Mais ces gradués ne pouvaient y