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LOU

vous l’enverrai, et je vous en promets une troisième en vers, afin de faire mon panégyrique de toutes les manières possibles. Pourquoi attendrais-je que les autres me louent, puisque je m’en acquitte si bien moi-même ? »

Ce franc amour-propre des anciens ne valait-il pas mieux que cette fausse modestie des modernes, qui a été si bien nommée par Labruyère, le dernier raffinement de la vanité.

loup. — Avoir vu le loup.

Cette expression s’applique à un homme, pour signifier qu’il a vu le monde, qu’il est aguerri et expérimenté ; mais elle s’applique à une femme pour lui reprocher une conduite déréglée. Dans ce dernier cas, c’est comme si l’on disait : cette femme est une louve ; dénomination qu’on donnait autrefois aux prostituées, afin de les rendre odieuses par une comparaison convenable à leur vie brutale. On lit dans l’Amphithéâtre sanglant par P. C., évêque de Bellay : « Ces malheureuses louves (c’est-à-dire ces femmes débauchées) sont toujours prêtes à la curée et souffrent une faim canine de la chair humaine. » Les Latins employaient le mot lupa, louve, dans la même acception, comme on peut le voir dans le discours de Cicéron pro Milone. Acca Laurentia, qui allaita Romulus et Rémus, avait reçu cette qualification de ses voisins, à cause de la voracité de son appétit charnel. Lupanar signifiait lieu de prostitution.

Savoir la patenôtre du loup.

Lorsqu’on veut faire entendre à quelqu’un qui fait des menaces qu’on saura bien l’empêcher de les effectuer, on dit qu’on sait la patenôtre du loup, par allusion à une prière ainsi nommée à laquelle la superstition du moyen-âge attribuait la vertu d’éloigner les loups des bergeries. Voici cette singulière oraison telle que le curé Thiers l’a rapportée : « Au nom du Père🞡 du Fils🞡 et du Saint-Esprit🞡. Loups et louves, je vous conjure et charme : je vous conjure au nom de la très sainte et sursainte, comme Notre-Dame fut enceinte, que vous n’ayez à prendre ni écarter aucune des bêtes de mon troupeau, soit agneaux, soit brebis, soit moutons (on nomme les bestiaux