Se battre contre des moulins à vent.
Se forger des chimères, se créer des fantômes pour les combattre. Cette expression rappelle le trait de Don Quichotte se battant contre des moulins à vent, qu’il prenait pour des géants.
mousse. — Pierre qui roule n’amasse point de mousse.
C’est la traduction littérale d’un adage grec employé par Lucien, et passé dans la langue latine en ces termes : Saxum volutum non obducitur musco. Sa signification ordinaire est que l’inconstance nuit à la fortune et qu’il faut se fixer à quelque établissement pour y profiter ; mais on peut l’interpréter encore d’une manière plus morale en l’appliquant à la manie des voyages qui tournent trop souvent au préjudice des bonnes mœurs.
Dans maint auteur de science profonde
J’ai lu qu’on perd trop à courir le monde :
Très rarement en devient-on meilleur.
Un sort errant ne conduit qu’à l’erreur.
mouton. — Revenir à ses moutons.
Reprendre un discours qui avait été quitté ou interrompu, revenir à son sujet.
Cette expression est prise de la farce de Patelin, dans laquelle M. Guillaume, marchand drapier, plaidant contre le berger Agnelet, qui lui a dérobé des moutons, s’interrompt fréquemment pour parler d’une pièce de drap que lui a volée Patelin, avocat de sa partie adverse. Le juge qui ne comprend rien à cette digression embrouillée, l’avertit, à plusieurs reprises, de ne pas s’écarter de sa cause, en lui disant : Sus, retournons à nos moutons.
Martial (liv. vi, épig. 19) a employé une expression très analogue à la nôtre : Jam dic, Posthume, de tribus capellis. Posthume, parle enfin des trois chèvres.
mule. — Ferrer la mule.
C’est acheter une chose pour quelqu’un et la lui compter plus cher qu’elle n’a coûté ; c’est enfler les mémoires de dépense.