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PLU

Les Latins disaient : Surdaster cum surdastro litigabat, judex autem erat utroque surdior. Un sourd était en procès avec un autre sourd, et le juge était plus sourd que l’un et l’autre : ce qui était fondé sur un conte semblable au nôtre. Nicarque a fait de ce conte une épigramme grecque, qu’Érasme a rapportée dans ses Adages, avec une traduction en vers latins du célèbre Thomas Morus.

plant. — Laisser quelqu’un en plant.

C’est le laisser dans quelque endroit, sans aller le retrouver, comme on le lui avait promis ; proprement, c’est l’y laisser comme un plant d’arbre. On dit dans le même sens : Planter là quelqu’un pour reverdir. Autrefois on disait : Laisser sur le vert, pour négliger, abandonner.

Ils laissent sur le vert le noble de l’ouvrage.

(Régnier.)

plat. — Servir quelqu’un à plats couverts.

C’est lui témoigner en apparence beaucoup d’amitié, et le desservir sous main. — L’abbé Tuet pense que cette expression est venue de l’usage où l’on était autrefois, en France, de couvrir les plats qu’on servait sur la table des grands et les choses qu’on leur présentait.

plongeon. — Faire le plongeon.

Baisser la tête pour éviter un coup, s’esquiver lâchement, se relâcher d’une chose, après avoir paru décidé à la faire. — Le plongeon est un oiseau aquatique qui plonge avec tant de promptitude, à l’éclair d’une arme à feu, qu’il en évite le plomb. Ce qui lui a fait donner le nom de mangeur de plomb par les chasseurs de la Louisiane et par ceux de la Picardie.

pluie. — Faire la pluie et le beau temps.

Disposer de tout, régler tout par son crédit, par son influence. Cette façon de parler est une allusion au crédit et à l’influence des astrologues, qu’on appelait des hommes faisant la pluie et le beau temps, par une périphrase conforme à l’idée que le peuple ignorant avait conçue de leur science. Telle était la considération dont jouissaient autrefois ces charlatans fatidiques, qu’on