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PON

poivre.Cher comme poivre.

Avant les voyages des Portugais aux Indes, une livre de poivre coûtait au moins deux marcs d’argent. Cette épice entrait alors dans la composition des présents considérables qu’on voulait faire, et elle était l’un des tributs que les seigneurs laïques ou séculiers exigeaient quelquefois de leurs vassaux ou de leurs serfs. Plusieurs historiens rapportent que Roger, vicomte de Béziers, voulant punir les habitants de cette ville, qui avaient tué son père dans une sédition, en 1107, les obligea, après les avoir soumis, à lui payer annuellement trois livres de poivre par famille, impôt qui fut regardé comme excessivement onéreux.

pont.Elle a passé le pont de Gournay, elle a honte bue

À une époque où la clôture n’était pas bien observée dans les couvents de filles, les religieuses de Chelles, abbaye située de l’autre côté de la Marne, passaient le pont et allaient visiter les moines de Gournay. Quoique ces visites n’eussent peut-être rien de criminel, le peuple en fut scandalisé, et leur fréquence fit naître ce proverbe, qu’on appliquait généralement à une femme de mauvaise vie. (L’abbé Tuet.)

pontoise.Avoir l’air de revenir de Pontoise.

Dans le temps de la féodalité, il y avait à Pontoise, ancienne capitale du Vexin français, un seigneur ombrageux et cruel qui se fesait amener les étrangers passant par cette ville, et les soumettait à un interrogatoire, après lequel il les renvoyait chez eux ou les retenait prisonniers, selon qu’ils y avaient bien ou mal répondu. Comme ces pauvres voyageurs étaient toujours intimidés et déconcertés par les questions et les menaces d’un pareil tyranneau, l’on en prit occasion de dire par comparaison : Avoir l’air de revenir de Pontoise, ou conter une chose comme en revenant de Pontoise, en parlant des gens dont les idées sont un peu troublées et confuses, embrouillées, même un peu niaises.