Page:Récits de voyages d’un Arabe, trad. Lébédew, 1902.djvu/51

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et sauvages. Si, ce dont Dieu préserve, les moines s’avisaient de refuser quelque chose à ces brigands, ceux-ci les attaqueraient, leur couperaient le passage et s’empareraient de tout ce qu’on leur envoie de l’Égypte et de Gaza.

Apprends, mon cher frère, que lorsque tu voudras te rendre du couvent sacré au port de Tour (ou Raïfa), tu marcheras vers le midi une demi-journée entière, à travers des campagnes ouvertes, après quoi tu descendras dans la vallée qu’on appelle « Ouadi-Açla ». Anciennement, cette vallée appartenait au couvent ; il s’y trouve beaucoup de sources d’eau douce et de dattiers. Il faut une bonne journée de marche pour la traverser. Puis tu iras à l’Occident par une plaine sablonneuse, d’où tu arriveras au port de Tour, après une demi-journée de marche. Le nom biblique de cette ville était Raïthôa. Elle est située au bord de la Mer Rouge et sert de port aux vaisseaux qui viennent des Indes pour apporter des épices et autres marchandises, et aux marchands qui se rendent aux Indes, à Suid, à Iémène, à Adène, à Souakime et à Calcutta. La plupart des habitants de Tour sont des chrétiens assez riches. Si tu vas à l’Occident de cette ville à la distance de quatre milles, tu trouveras le couvent de Raïthôa, qui n’a point d’évêque. St-Jean Climaque présenta son livre « L’échelle des vertus » au supérieur de ce couvent. Ses moines furent massacrés par les barbares et leurs corps sont ensevelis au couvent du mont Sinaï. Vis-à-vis du couvent se trouve une source d’eau douce où s’abreuvent les habitants de Tour et les voyageurs.

À un mille vers l’Occident de ce couvent se trouve