Page:Récits de voyages d’un Arabe, trad. Lébédew, 1902.djvu/50

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Voici, mon frère en Jésus-Christ, la description du couvent du mont Sinaï.

Toutes les provisions des pères, telles que : froment, graines, farine, boissons et habits, tout vient de l’Égypte, par un chemin qui traverse le désert inhabité, qu’on ne quitte pas de treize jours. Quant à l’huile d’olives, l’huile de sésame, les sirops, etc. ils viennent de Gaza et de Ramlé.

De là, il y a dix-huit jours de route et le transport des vivres coûte plus cher que les produits mêmes.

Sur tout le parcours de cette route il n’existe qu’une source d’eau, parce que la pluie ne tombe dans ce désert qu’une fois en plusieurs années.

Ce couvent possède beaucoup de reliques et autres objets sacrés. Et il n’y a plus un seul insecte d’aucun genre, comme nous l’avons dit plus haut. Et les céréales, les graines diverses et le pain, ne sont jamais gâtés par les vers, même s’ils y restent pendant vingt ans.

Quant aux moines, ils sont en guerre continuelle avec les Bédouins et en lutte avec les intrus de toute espèce, parce que les Bédouins viennent tous les jours au couvent, pour prendre tout ce qui leur tombe sous la main ; en outre, ils insultent et battent les moines, puisqu’il n’y a ni gouverneur, ni juge, ni police, dans les parages du couvent. Tous les Bédouins sont des barbares portés au mal, des assassins, et les moindres d’entre eux sont aussi arrogants que les plus grands.

Tous les habitants de ce désert, à deux mois de route à la ronde, ne sont que des Bédouins barbares