Page:Récits de voyages d’un Arabe, trad. Lébédew, 1902.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Après avoir terminé tout cela, l’Empereur se fit construire au bord de la rivière un palais de marbre de toutes les couleurs, qu’il remplit d’objets d’art splendides. Personne n’avait encore jamais vu pareille chose.

L’Empereur fut si content de voir son palais achevé qu’il donna une belle fête populaire, avec des jeux équestres et de la musique.

La ville d’Antioche a coûté tant d’argent qu’un des ministres de l’Empereur lui dit : « Si tu savais, Sire, combien l’État a dépensé pour la construction de cette ville, ta joie se changerait en tristesse ».

L’Empereur ordonna de lui présenter le compte de toutes les dépenses, du commencement jusqu’à la fin, et il vit que la ville coûtait quatre cents cinquante quintaux d’or, sans parler de la nourriture et des salaires des ouvriers et de l’entretien des bêtes de somme que les habitants fournissaient gratuitement.

Sur cette somme, deux cents quintaux d’or furent dépensés pour la muraille, la citadelle, les gardiens et les tailleurs de pierre ; et cent cinquante quintaux pour la ville et ses environs, pour le Palais de Justice, les temples, les marchés et les écuries ; cinquante-cinq quintaux pour les maréchaux-ferrants, les charpentiers, les chaufourniers, le briquetiers, les chariots et les charretiers. Cinq quintaux d’or pour les hôpitaux, les magasins, et les thermes ; dix quintaux d’or pour l’achat de fer, de cuivre, de plomb, nécessaires aux travaux et pour les idoles ; vingt quintaux d’or pour le palais et son ameublement ; dix quintaux d’or pour les vaisseaux qui se tenaient dans le port de Souwéïdiyé, avec tout leur équipage, quatre quintaux d’or pour la