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Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/101

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rive le papier-monnaie[1], ressource, d’un pouvoir nouveau, précaire et chancelant ; le papier-monnaie, ressource d’une fraude appauvrie et d’une rapine mendiante, arrive comme un moyen de circulation pour le soutien d’un grand empire, à la place de ces deux métaux précieux qui sont reconnus pour représenter le crédit permanent et conventionnel du genre humain, lesquels ont disparu et se sont cachés dans la terre d’où ils sortaient, lorsque le principe de la propriété qu’ils représentent a été systématiquement détruit.

Toutes ces choses effrayantes étaient-elles nécessaires ? Étaient-elles des résultats inévitables des efforts furieux de patriotes déterminés, courageux, et forcés à n’arriver au rivage paisible d’une liberté tranquille et prospère, qu’après avoir traversé des flots de sang ? Non, rien de semblable à cela : les désastres nouveaux de la France qui émeuvent notre sensibilité, quelque part où nous portions nos regards, ne sont pas les dévastations d’une guerre civile ; ce sont les tristes mais instructifs monumens d’un conseil téméraire et inconsidéré, donné dans le temps d’une profonde paix ; ce sont les preuves parlantes d’une autorité inconsidérée et présomptueuse, parce que rien ne lui a résisté, et que rien ne le pouvait. Les personnes

  1. Nous invitons les curieux à relire ce qu’écrivait, dans le temps, Bergasse, ennemi des assignats, à M. de Montesquiou, partisan zélé de ce papier-monnaie. Ce Bergasse était aussi un fort bon prophète, sans sortir de son pays.(Note de l’Éditeur.)