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Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/105

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lieu de ce degré bien rare de vertu, ils devaient agir par une ambition sinistre et par la soif d’une gloire trompeuse, alors la partie faible et mal composée de l’Assemblée à laquelle ils se conforment d’abord, devient à son tour la dupe et l’instrument de leurs desseins. Dans ce trafic politique, ceux qui dirigent seront obligés de céder à l’ignorance de ceux qu’ils mènent, et ceux qui suivent deviendront subordonnés aux desseins coupables de ceux qui les conduisent.

Dans les assemblées publiques, pour assurer un certain degré de modération aux propositions de ceux qui les guident, il faudrait qu’ils respectassent, qu’ils craignissent peut-être même, jusqu’à un certain point, ceux qu’ils conduisent ; il faudrait, pour que ceux-ci ne fussent pas tout-à-fait conduits en aveugles, que le plus grand nombre de la bande, fût capable du moins d’être juge, s’il ne l’est pas d’être acteur. Il faudrait aussi que ces juges eussent par eux-mêmes quelque poids et quelque autorité naturelle. Rien ne peut garantir, dans de telles Assemblées, une conduite modérée, à moins que ceux qui les composent ne soient respectables sous les rapports du rang, de la propriété, de l’éducation et de toutes les habitudes qui augmentent et perfectionnent l’entendement.

La première chose qui me frappa dans la convocation des Etats-Généraux, ce fut le changement considérable de leur ancienne forme. Je trouvai la représentation du Tiers-État composée de six cents personnes, nombre égal à celui des deux autres Ordres. Si les Ordres avaient dû agir séparément, le nombre,