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Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/129

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de cette nation doit influer sur la nôtre, je conçois aisément pourquoi quelques-uns de ses procédés, qui ont un aspect désagréable, et qu’on ne peut pas tout-à-fait concilier avec l’humanité, la générosité, la bonne foi et la justice, sont palliés avec une si douce bénignité quand il s’agit des acteurs, et supportés avec un courage si héroïque quand il s’agit des victimes. Il n’est nullement politique de décréditer l’autorité d’un exemple que l’on propose à imiter. Mais en accordant cela, nous sommes conduits à une question toute naturelle : Quelle est cette cause de la liberté, et quels sont ces efforts en sa faveur que l’exemple de la France rendrait si opportuns ? Est-ce notre monarchie que l’on veut détruire ? toutes nos loix, tous nos tribunaux et toutes les anciennes corporations du royaume ? Faut-il effacer aussi toutes les limites de nos provinces, pour nous donner une constitution géométrique et arithmétique ? Faut-il déclarer la Chambre des Pairs inutile ? détruire l’épiscopat ? Faut-il vendre les biens du clergé à des juifs et à des agioteurs ? ou les donner à ces républiques municipales de nouvelle invention, pour les déterminer à participer au sacrilége ? Toutes les taxes doivent-elles être abolies comme des surcharges, et le revenu public réduit à une contribution, ou à des dons patriotiques[1] ? Doit-on entretenir les forces de la marine de ce royaume avec le produit des boucles de

  1. Voilà pourtant ce que nous promettaient tous les praticiens grands politiques de 1789 ; mais à force de diminuer les surcharges, nous suc-