Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/128

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veur sur ce sujet à de profondes spéculations, adressa à son auditoire les paroles suivantes, qui sont très-remarquables : « Je ne puis finir ce discours sans rappeler particulièrement à votre attention une considération que j’ai déjà rappelée plus d’une fois, et sur laquelle toutes vos pensées m’auront déjà prévenu ; une considération dont mon esprit est pénétré plus que je ne puis l’exprimer ; je veux dire, que le moment actuel est des plus favorables pour tous les efforts dans la cause de la liberté. »

Il est clair que l’esprit de ce prédicateur politique était alors gros d’un dessein extraordinaire ; et il est très-probable que les pensées de son auditoire, qui le comprit mieux que je ne puis le faire, coururent toutes au devant de sa réflexion, et de toute la suite des conséquences qui devaient en dériver.

Avant d’avoir lu ce discours, j’avais véritablement cru que je vivais dans un pays libre ; et je chérissais mon erreur, parce que j’en aimais davantage ma patrie. Je présumais qu’une vigilance active et surveillante pour conserver le trésor de notre liberté, non seulement de toute invasion, mais même de tous les dépérissemens de la corruption, était notre premier devoir, et notre meilleure sagesse. Cependant, je considérais ce trésor plutôt comme une possession à conserver, que comme une conquête à entreprendre. Je ne discernai pas comment le temps présent pouvait être si favorable à tant d’efforts pour la cause de la liberté. Le temps présent ne diffère d’aucun autre que par la circonstance de ce qui arrive en France. Si l’exemple